«A
chacun de faire son miel...» Disait C. Freinet.
A chacun
«sa Pédagogie Freinet» , chacun y mettant sa couleur en fonction
de sa personnalité, du lieu, du public concerné (maternelle, second
degré, formations adultes...), de ses compétences (de tout genre:
de la menuiserie à l'informatique, artistiques, théâtrales...) ou
d'autres paramètres.
Il ne
peut y avoir «une» pédagogie Freinet, mais autant qu'il y a
d'éducateurs et/ou enseignants.
Mais,
c'est bien l'adulte , le formateur, qui choisit sa pédagogie , pas
l'enfant ou le formé.
Aussi
bien qu'un tabouret, la pédagogie Freinet ne produit ses fruits
qu'avec un minimum de trois pieds. Avec un ou deux, le formateur
court à l'échec et se cassera la figure.
Il peut
y avoir quatre , cinq , six pieds, mais le minimum est trois. Sans
les 3 pieds , «la mayonnaise» ne prend pas!
Dans mes
classes, lorsque j'oubliais un des pieds, la magie n'opérait plus,
ou j'allais dans le mur.
La
pédagogie Freinet peut donc se décliner de mille et une manières,
en y ajoutant ou en perfectionnant "un pied".
Mais, si
l'on dogmatise la PF avec 4 ou 5 pieds ou plus, beaucoup de pratiques
se trouvent exclues de «cette PF». Avec un minimum de 3 pieds,
toutes les pratiques peuvent se décliner «en PF», chacun y
ajoutant «ses» pieds et faisant «son miel».
Avec des
schémas, je vais exprimer les variantes que je connais (il y en a
encore beaucoup à découvrir). Le triangle est équilatéral et l'on
peut le tourner dans le sens que l'on veut.
Voici
quelques avis sur cette pédagogie Freinet, glanés dans la mouvance
Freinet:
(avec
des pieds en plus, pas en commun pour tous les praticiens de «PF»)
« Ils
revendiquent une
école où chaque enfant peut s'exprimer, se responsabiliser,
coopérer, expérimenter et s'ouvrir sur le monde,
pour
que chacun :
apprenne
à son rythme
construise
ses connaissances avec ses pairs et les adultes
développe
son sens critique, son autonomie et accède à une réelle prise de
responsabilité dans une classe vivante et ouverte sur le monde. »
«
.. »
« Nos
logiciels respectent et mettent en oeuvre les concepts fondamentaux
de la Pédagogie
Freinet :
favoriser
l'expression et la communication
faciliter
l'individualisation
enrichir
la créativité
développer
l'autonomie enfant / enseignant.
Axe
essentiel de nos critères éducatifs, la démarche
personnelle de travail et de recherche est au coeur de nos
méthodes. »
« Nos
objectifs en Pédagogie Freinet
Ce que nous
visons, c'est la mise en acte de l'esprit démocratique dans la
classe.
Les cinq
lignes de force qui caractérisent notre orientation sont :
Le
développement de l'expression dans tous les domaines visant à
l'épanouissement de l'enfant et de toutes ses potentialités,
Le
développement de la coopération, de l'entraide et de la
communication sous toute ses formes,
Le respect du
tâtonnement expérimental dans la construction des apprentissages,
l'erreur faisant partie intégrante du processus,
Le
développement du sens des responsabilités à travers les Conseils
(de la classe ou le l'institution),
Le
développement de l'autonomie à travers tous les outils pouvant
aider l'enfant à devenir acteur de ses apprentissages (fichiers
auto-correctifs, logiciels, plan de travail...)
Ces outils
conçus et testés par les enseignants de l'ICEM sont produits et
diffusés par les PEMF. »
« Des
principes pédagogiques,
Les
praticiens Freinet ont cette finalité de créer (ou de transformer)
le milieu éducatif où l’enfant peut se vivre comme auteur de ses
travaux, de ses recherches, de ses processus d’apprentissages… La
créativité est essentielle, elle permet à l’enfant-auteur de
découvrir (les mathématiques, la culture, le monde, les lois…) et
de produire (des textes, des œuvres artistiques, des techniques, des
règles…).
-
Le tâtonnement expérimental
Dans
son environnement naturel, l'enfant est, par nature,
expérimentateur. Il procède spontanément par tâtonnement qui
évolue par essais-erreurs vers des formes plus élaborées et que
Célestin Freinet désignait globalement par le « tâtonnement
expérimental » et qui est à la base de la Méthode naturelle.
-
La Méthode naturelle
Un
des fondements de la pédagogie Freinet est qu’un certain nombre de
connaissances « scolaires » peuvent être acquises
suivant le même processus « naturel » que celui qui
permet à l’enfant d’apprendre à se tenir debout, à marcher, à
parler, etc.
Avec
la Méthode naturelle, les enfants sont des créateurs de
connaissances, ils n’attendent pas les leçons de l’adulte pour
produire des savoirs. Il est aujourd’hui devenu évident que les
enfants « s’apprennent » indépendamment de l’école
et ceci dans de nombreuses disciplines : mathématiques,
histoire, géographie, sciences, musique…
-
Le travail individualisé
L’individualisation
des apprentissages prend appui sur la globalité de la personne, sur
la vie du groupe et sur les activités de recherche, de
communication, etc. Individualisation et socialisation sont en
interaction étroite.
-
L’organisation coopérative de la classe permet
d’articuler, de mettre en place les activités collectives et
individuelles d’apprentissage et de gérer la vie de la classe.
Elle est également garante
des valeurs, des conceptions, et des des finalités de la pédagogie
Freinet.
-
L’expression et la communication
En
combinant expression et communication, Freinet avait sans doute
fixé la trame de la vie scolaire et de la vie tout court.
Les
activités d'expression de
l'enfant trouvent leur place dans toute la vie de la classe et
motivent les apprentissages :
-
au cours des entretiens du matin où l'enfant fait partager au groupe
ses expériences, questionnements et découvertes hors de l'école ;
-
à l'occasion de l'écriture de textes libres ;
-
lors d'activités d'expression artistique ou corporelle (arts
plastiques, théâtre, danse, musique, cinéma, etc.) ;
-
dans le cadre de l'organisation coopérative de la classe.
Les
activités de communication (correspondances
scolaire, journal scolaire, Les TICE avec Internet) permettent à
l'enfant :
-
de redonner au langage oral et écrit sa fonction première ;
-
de prendre en compte l'autre en nouant des liens valorisant. »
« Transposer
la Pédagogie Freinet du primaire au secondaire n'est pas possible.
C'est assurément courir au devant d'un échec retentissant, mais
l'adapter, la façonner en respectant les principes fondamentaux
d'expression, de tâtonnement et de coopération est parfaitement
envisageable. »
« Un
fonctionnement réinterrogé en
permanence, si possible avec les enfants et les parents. Une
recherche constante pour que l'enfant:
1°)
fasse de
plus en plus des
activités dans lesquelles il
a envie de
s’investir,
2°)
devienne de
plus en plus indépendant du
professeur. »
« Les
divergences théoriques apparaissent. Pour expliquer les évolutions
de certains enfants dans les classes coopératives, Fernand Oury ne
peut se contenter de « la bonne nature ou du Bon Maître ».
Sans renier la dimension du « matérialisme scolaire »
(production, techniques…) il utilise les concepts nés de la
psychanalyse et de la dynamique des groupes : désir,
transferts, identifications… »
« Aujourd'hui,
tout est changé. Maintenant, à ['école, on doit apprendre à
traiter une information débordante, c'est-à-dire à être toujours
capable d'en tirer le meilleur profit dans son intérêt ou celui du
groupe. Gilles de Gennes dit ;
"
Autrefois, l'école était essentiellement rurale et il lui revenait
de communiquer le goût de l'abstraction ... La situation est
aujourd'hui renversée, il lui faudrait redonner le sens et le goût
du concret. " Freinet, de son temps ? Oui ! Mais il faut croire
qu'il l'est aussi du nôtre puisque ses idées continuent à se
répandre à la surface du globe. » « C'est
qu'ils sont divers, les petits des hommes ... Leurs styles cognitifs
diffèrent grandement. Certains, les sérialistes, s'installent avec
bonheur dans la programmation, ils voudraient construire leur savoir
brique par brique : la fiche 81, puis la fiche 82...
Alors
que les holistes, (les globaux) aussi nombreux, voient d'abord
l'ensemble, ils pressentent, ils anticipent, ils créent un modèle,
ils descendent vérifier un point de détail, puis ils repartent.
Entre ces deux extrêmes, il y a tout un éventail. - sans compter
l’incidence de la présence ou non de la liberté. Et, pour la
plupart, il y a des temps de recherche, d'excitation devant des
perspectives, des enthousiasmes collectifs... et des moments de
recharge, de consolidation, de mise au point, de respiration avant de
repartir.
C’est
une erreur très répandue de croire qu’on apprend par additions
successives. Non, il y a des flashes, des feedbacks, des
perlaborations, des remémorations, des maturations ... Mais l’école
ne s’en soucie guère. »
« Or,
le but essentiel de l'école, c'est de permettre aux enfants
d'acquérir les structures qui les aideront à le comprendre et, si
possible, à le dominer. Mais comment le pourraient-ils s'ils sont
oppressés par leur monde intérieur ?
Nous
avons à reprendre les anciens chemins au niveau " du temps de
la reconnaissance, de l'affirmation de soi ". Mais également à
en suivre de nouveaux pour taire face à la nouvelle réalité
complexe.
Nous
avons à reprendre nos anciens modes d'investigation ; monographies,
collectages, études longitudinales ... mais également à aborder
des problèmes nouveaux en modifiant nos points de vue et en
inventant de nouvelles méthodologies pour les traiter. Il y a cette
aventure de classes uniques dotées de N.T.C., ces comportements
insolites d'enfants que l'on croyait pourtant connaître depuis cinq
ans, cette ouverture de l'application de la méthode naturelle à de
nouveaux domaines, cette violence dans la classe, cette démocratie à
faire vivre, cette possibilité de rééquilibrage par
l'expression-création, cette aide à vivre à assurer sans faux-
pas, cette expérimentation des échanges, cette ouverture sur les
parents, sur le quartier, ces arbres de connaissances à
expérimenter, cette démocratie de parole à instituer dans les
groupes ...
Il
suffit de nous remettre dans les pas de Freinet en prenant comme lui
en compte la complexité. Alors, nous deviendrons nous-mêmes des
maîtres de l'école du troisième type souhaitée par Maurice
Berteloot. »